
Après une relative courte traversée depuis Paros, nous voilà débarquées sur le petit port de Kamares, en quête d’une info fiable sur l’endroit où prendre notre car vers Artemonas, notre point de chute pour les prochains jours. On avait déniché un petit appartement à l’entrée du village, à 2 minutes à peine du principal arrêt de bus de l’île. Il est encore un peu tôt pour prendre possession de notre logement, mais Afroditi nous autorise à nous délester de nos valises dans l’appart le temps que le ménage se fasse. Il est 13h30 et nous nous apprêtons à prendre notre petit dej dans le resto de l’hôtel du coin. Notre première rencontre avec l’île la plus gastronomique des Cyclades se fera devant un burger aux œufs sur le plat.


Ahhhh Sifnos ! Ce gros rocher de 74 km² aura été notre caillou dans la chaussure niveau organisation du voyage, mais quel caillou ! Que dis-je un caillou, un gemme ! On y a découvert le village le plus surprenant des quatre îles que nous avons foulées, découvert un monastère choupi sur sa mini péninsule, bu le mojito le plus WTF du séjour, mangé les meilleurs plats des vacances, fini en beauté par un petit dej mémorable les pieds quasi dans l’eau et, somme toute, trouvé une vraie parenthèse de calme après l’effervescente Paros.
On avait choisi Sifnos pour ses grandes possibilités de balades à pieds. L’île propose semble-t-il un sentier du littoral de toute beauté. On a d’ailleurs croisé à plusieurs reprises un couple de Français qui parcourait une grande partie de ce sentier et qui ne nous en a dit que du bien. Mais une petite entorse survenue dès notre 2e jour dans les Cyclades, sur l’île d’Amorgos (oui je sais c’est la grosse lose) a contrecarré nos plans de départ. On a donc opté, comme sur les îles précédentes, pour des balades dans des coins facilement accessibles en car. Comme à Paros et Amorgos, Sifnos dispose d’une desserte impeccable.



Première demi-journée – Artemonas et Apollonia à l’heure de la siesta
Nous réservons notre première balade à Artemonas. Notre village hôte n’est pas le plus touristique de l’île, et nous nous retrouvons bien seules à arpenter ses ruelles en escaliers. C’est sûrement l’heure de la sieste d’ailleurs. On en profite pour repérer un restaurant qui fera notre bonheur le soir-même. Faute d’avoir grand-chose à se mettre sous la dent (on a vite fait le tour), on se résout à prendre le long escalier qui mène à Apollonia. La capitale de l’île est sensée être un brin plus animée et plus fournie en restos, bars et commerces que sa voisine. Un kilomètre sépare les deux villages. Un kilomètre d’escaliers qui montent, qui descendent, qui remontent et qui redescendent, et qui constituera notre migration pendulaire, le fil rouge de notre séjour à Sifnos.


Apollonia est finalement aussi endormie qu’Artemonas, la faute à une sieste qui s’éternise (après tout, il n’est que 16h30). La longue rue en pente qui forme l’axe principal laisse deviner un bourg plus touristique, avec moult boutiques, cafés et restos. N’empêche, c’est très calme ! Notre balade à travers les deux principaux villages de Sifnos se termine sous les ombrages légers du Tselementes qui fait face à la belle église Saint Spiridon ; on y sert une limonade artisanale de bonne facture !
Un passage éclair à la boulangerie histoire d’avoir de quoi déjeuner le lendemain matin et nous voilà de retour sur ce long serpentin en dos de chameau qui nous ramène à Artemonas.


Jour 2 – Le mojito de Kastro
Aujourd’hui on a jeté notre dévolu sur Kastro, le « village muraille », l’un des lieux à ne pas manquer à Sifnos. Une journée faite d’attente(s) dans tous les sens du terme. On avait hâte de découvrir ce petit bourg à l’architecture si particulière, et tout aussi hâte de goûter à ce mojito dont on parle dans toutes les Cyclades (en tout cas on en parlait dans notre guide du Routard) !
Le car nous dépose dans un virage en épingle à cheveux peu avant midi. On devine un village en nid d’aigle, enroulé autour de son château (« kastro » en grec), du moins ce qu’il en reste (pas grand-chose). C’est en arpentant le « chemin de ronde » que l’on comprend le concept de « maisons-rempart ». Ici, l’alignement de façades ne laisse pas de place à une quelconque ouverture ; pour pénétrer le cœur du village, il faut passer par l’un de ces passages aménagés sous les maisons.




On a à peine commencé qu’un premier banc nous invite déjà à la contemplation, face à la mer et à deux jolies chapelles blanches en contrebas. Une certitude : la chapelle des Sept Martyrs a toutes les chances d’être le site le plus photographié de l’île, avec un score d’instagrammabilité des plus élevés.
Le village en lui-même possède un charme fou. Je ne saurais dire ce qui m’a le plus plu entre ses rues « à deux niveaux » et ses vestiges antiques cachés çà et là dans ses façades. Kastro est une petite pépite des Cyclades et mérite sa réputation, à tel point qu’on a refait un tour après le repas du midi (excellent au demeurant). Alléchées par le commentaire du Routard, on s’est mises en tête d’attendre l’ouverture du Kavos Sunrise à 18h. Est-ce qu’on a patienté deux heures sur un banc face à la mer à regarder des chamailleries de chats et discuter de tout et de rien pour… un mojito ? Vous n’avez pas la preuve !







Bon, à 18h pétantes, nous voilà donc devant le bar le plus célèbre de Sifnos. L’atypique propriétaire du bar se faisant attendre, on décide de refaire un ultime tour du village, avec le stress d’avoir attendu pour rien. Quand on repasse à 19h, la serveuse venait d’arriver, suivie peu après par le proprio au look… atypique (je te laisse taper Kavos sunrise Sifnos sur internet, tu ne seras pas déçu·e). De simples coussins posés sur le muret de pierre nous indiquent où nous asseoir. Entre nous et la mer, une pyramide de bouteilles de Havana club vides. Il y a la même à l’intérieur du bar.

Le mojito est à l’image du patron, improbable ! D’un côté le verre rempli et de l’autre… l’eau pétillante. Moue dubitative, on se souhaite bonne chance vu la quantité de rhum à ingurgiter. La première gorgée est revigorante, et puis finalement, en ajoutant peu à peu l’eau pétillante, la magie opère. On reste quand même sur un mojito bien tassé. A côté de nous, une Française venue avec sa fille adolescente interpelle le patron. Elle était venue il y a vingt ans, s’était prise à l’époque en photo avec le patron. Elle voulait rejouer la scène. Rien n’avait changé !


Jour 3 – Chrissopigi, monastère à mer
Pour notre dernier jour sur l’île, nous mettons cap sur Faros, où se trouve un monastère isolé sur sa micro-péninsule. Après Amorgos et Paros, on avait envie de tâter l’Egée à Sifnos, et l’endroit nous paraissait idéal. On avait repéré ce monastère accroché sur son bout de rocher battu par les flots, et on se disait que c’était un drôle d’endroit pour implanter un tel édifice. Surtout, il avait à son pied une plage et un resto, bref, de quoi passer une magnifique journée de quasi farniente. Ce matin-là, les nuages avaient décidé de s’inviter à la fête, mais il en fallait plus pour bousculer notre programme.
On découvre à Faros un petit port de pêche engourdi par la moiteur du jour et des chats apathiques affalés au milieu des filets de pêche. Le sentier pour Chrissopigi part du bout de la plage de Vlicho. Il s’élève en pente douce le long du rivage, où l’on devine des eaux cristallines malgré l’ambiance grise. Des croix blanches peintes sur un muret de pierres indiquent la présence toute proche d’une chapelle. Agios Charalampos offrira un panorama incomparable sur le monastère et un peu de répit à mon pied endolori. L’arrivée sur la plage d’Apokofto signe la fin de notre balade. Chrissopigi est là devant nous.


Derrière ce portail blanc immaculé se cache un petit éden. Une courette proprette agrémentée de quelques plantes en pots, une table, deux chaises, laissent entendre qu’on vit ici, probablement déconnecté de la frénésie du monde moderne. Au fond de la cour, la petite église offre au regard des quelques touristes de passage son superbe iconostase en bois tandis que le baptistère fait son job à même le rocher, en plein air, carrément à quelques mètres de l’eau.

Du monastère, il ne faut que quelques mètres pour accéder à la Taverna Chrissopigi, où l’on mange très bien. Et du restaurant où l’on mange très bien, encore moins de mètres pour étendre la serviette de plage et mettre les doigts de pied en éventail. Une après-midi pépère où pour une fois, faute de soleil dardant, nous n’avions pas à chercher l’ombre d’un tamaris. Le maillot de bain n’a pas eu complètement le temps de sécher qu’il fallait déjà penser au chemin du retour. Un dernier instant à regarder la maigre activité du petit port et c’est déjà l’heure de reprendre le car du retour.


Ce soir-là, nous ferons pour la dernière fois le chemin qui relie Artemonas et Apollonia, pour se faire un dernier petit resto sur l’île la plus gastronomique des Cyclades. Demain, le ferry nous mènera à Milos, la dernière étape de notre périple cycladique.

L’île de Sifnos pratique
Se rendre à Sifnos
Sifnos est accessible en bateau via les navettes inter-îles. Il n’empêche, Sifnos n’étant pas hyper fréquentée, certaines liaisons avec des îles situées pourtant à proximité ne sont pas quotidiennes (c’est notamment le cas avec Paros). Vigilance de rigueur donc si vous envisagez d’inclure Sifnos dans votre séjour dans les Cyclades ! A titre d’illustration, au moment de notre voyage, fin août 2018, il n’y avait que 2 liaisons par semaine avec Paros, le mardi et le dimanche. Un élément à prendre en compte dès la préparation de votre voyage donc.
Toutes les liaisons maritimes sont en ligne sur le site gtp.gr.
Se déplacer à Sifnos
En été, l’ensemble des villages de Sifnos sont bien desservis par les cars de la KTEL. En 2018, il nous en coûtait 1,80 € par trajet (comme sur les autres îles donc je pense que c’est un prix normalisé). Troisième île et troisième méthode, ici tu montes dans le bus et un employé de la KTEL passe pendant le trajet pour récupérer les 1,80€ (en tout cas à l’époque ça se passait comme ça).
Artemonas concentre la plupart des départs de car de la KTEL mais Apollonia est quasi systématiquement desservie, quelle que soit la ligne (seule la liaison vers Cheronissos ne passe pas par Apollonia). A l’inverse et pour une raison qui m’est encore inconnue, le bus pour Kastro part d’Apollonia et ne dessert pas Artemonas.
Si tu préfères te déplacer en voiture ou à moto, sache que des agences de location sont présentes à Kamares et Apollonia.
Quelques bonnes adresses à Sifnos
Sifnos est réputée pour sa gastronomie. C’est sur cette île que j’ai trouvé la plus grande diversité de plats, qui sortent des traditionnels souvlakis, gyros et autres plats de viande grillée accompagnes de frites.
A Artemonas
- Margarita : Une terrasse accueillante, une ambiance conviviale, des plats classiques mais gourmands. De quoi passer une excellente soirée.
A Faros
- Taverna Chrissopigi : Posé directement à même la plage d’Apokofto, le restaurant propose d’excellents plats, typiques de Sifnos. Le porc au miel est à tomber !

A Kastro
- Dolci : Idéal pour déjeuner ou prendre un cocktail avec vue, ce resto italien propose une cuisine gourmande. La terrasse est à la fois immense et intimiste, garantissant un cadre magnifique.
- Kavos sunrise : Un bar haut en couleurs, à l’image de son propriétaire, fan du Che. Le bar est spécialisé dans les cocktails. On a testé le mojito, servi de façon bien peu académique mais le résultat est là, il est très bon, quoiqu’un peu tassé. A déguster en terrasse bien sûr, terrasse essentiellement installée sur des coussins posés sur le muret de pierres en face du bar (de toute façon l’odeur est telle à l’intérieur du bar que tu ne tiendrais pas 30 secondes).
Notre hébergement à Sifnos, Aphrodite Holiday Home
On avait cherché en priorité sur Artemonas et Apollonia pour profiter de la meilleure desserte en car. On a finalement jeté notre dévolu sur une maison idéalement située à deux pas de l’arrêt de bus d’Artemonas. Vue panoramique, petite terrasse bien agréable pour prendre l’apéro ou faire sécher le linge, deux chambres pour nous deux, une cuisine si on ne veut pas aller au resto le soir, le tout avec un bon rapport qualité-prix. Autant dire qu’on n’a pas regretté notre choix !
La carte
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c’est magnifique ! Un enchantement du début à la fin! Merci pour ce partage!
Une île sublime, qui semble encore épargnée par le tourisme de masse. En tout cas fin août on n’était pas gênées par la foule ! Je garde un très bon souvenir de Sifnos, malgré ma déception de ne pas avoir pu nous balader à pied sur les sentiers de l’île.
Ahh, vous me donnez vraiment envie d’y aller! C’est un paradis