
A Méru, dans l’Oise, le Musée de la Nacre et de la Tabletterie rend hommage aux anciens boutonniers et tabletiers. Mieux, il perpétue le savoir-faire et les techniques ancestrales liées au travail des matériaux semi-nobles grâce à un atelier encore actif. Histoire d’un artisanat méconnu qui fit pourtant la réputation de Méru, qualifiée de “capitale mondiale de la nacre”.
Ma main à couper que tu ne connais pas Méru ! Personne ne connait Méru à part les Isariens. Et puis, sa réputation de « petite ville de banlieue à la campagne » lui colle un peu trop à la peau, à Méru. La ville et la microrégion qui l’entoure cachent pourtant un savoir-faire singulier qu’il me tardait de te faire découvrir. Alors ce thème « En France aussi » autour des artistes et des artisans est du pain béni.
Les blasons de municipalités sont souvent bavards. Celui de Méru est quelque peu déconcertant pour qui ne connaît pas son histoire. Je te laisse juger par toi-même.

Un éventail, deux dominos, une marque à jouer… C’est un peu fouilli mais ça a le mérite d’annoncer la couleur : ici, on travaillait autrefois les petits objets en matériaux nobles. Cet art, c’est celui de la tabletterie. Méru s’en était fait une spécialité, au point d’être surnommée « capitale mondiale de la nacre », jadis. Si cette petite industrie a périclité du fait de l’arrivée de matériaux synthétiques beaucoup plus compétitifs que les matériaux traditionnels, il reste encore un petit bout de savoir-faire grâce au fabuleux travail mené par le Musée de la Nacre et de la Tabletterie.
Je ne reviendrai pas ici sur le pourquoi du comment le travail de la nacre, matière ô combien marine, s’est retrouvée au centre de l’activité économique d’une petite cité située à plus de 100km du rivage. François Keen, dans son ouvrage intitulé « La tabletterie sous l’Ancien Régime, entre Paris et Méru », le fait très bien. N’hésite pas à aller lire son article, il est très synthétique et racontera la genèse de ce qui deviendra une véritable industrie.

C’est par une belle et chaude journée de juillet que je pousse pour la première fois les portes du Musée de la Nacre et de la Tabletterie. Le bâtiment combine avec élégance le charme de la brique rouge et de grandes baies vitrées arrondies, dans le plus pur style industriel XIXe. Honte à moi, je n’avais jamais pris le temps de me déplacer jusqu’à Méru alors que la ville m’est facilement accessible en train. On est vendredi et ça tombe bien, le vendredi, en été, c’est gratuit.
La visite guidée commence par les ateliers de boutonnerie, au rez-de-chaussée. Du coquillage au produit fini, on t’expliquera les différentes phases de fabrication d’un bouton en nacre, avec démo à la clé. Le bruit des courroies et des machines d’époque t’immergera un court instant dans ce qui fut autrefois une véritable industrie.
La suite de la visite se passe à l’étage, cette fois sans guide. Le monde de la tabletterie, auquel je ne m’étais jamais véritablement intéressée, se dévoile à travers la présentation de collections d’objets divers et variés et de leurs matériaux car oui, la tabletterie ne se résume pas qu’au nacre. Les petits objets en question se concentrent autour du thème de la mode (boutons, éventails…), des arts décoratifs (boutons de porte, objets de table, objets religieux…) ou encore du jeu (comme les dominos). Une découverte ludique et sensorielle avec la possibilité de toucher les matières premières qui viennent dans la plupart du temps du bout du monde, des cartels simples et efficaces qui racontent le fonctionnement et l’évolution de cette industrie. On y parle autant marketing que matières premières et cette variété d’explications s’avère passionnante. A titre personnel, je trouve la muséographie très agréable et bien conçue.

La salle voisine accueille la reconstitution de plusieurs ateliers. On nous propose une plongée dans le quotidien des « petites mains » avec moult objets et autres outils installés sur des établis qui sentent bon le vécu. La tabletterie y est dévoilée sous toutes ses coutures. Même le bureau du directeur y est représenté, avec ses échantillons pour démarcher les clients et ses dossiers administratifs !
La visite se termine au rez-de-chaussée par le petit atelier de fabrication des dominos. Les petites tablettes d’ébène et d’ivoire (ou de nacre) révèlent leurs secrets à travers les mains habiles de Kim. Il en faut un bon tour de main pour creuser les petits trous de façon régulière sans atteindre la couche d’ébène ou de bois noble ! On y apprendra que ces objets étaient souvent fabriqués à domicile, et que les délicates mains d’enfants étaient mises à contribution pour appliquer la peinture noire à l’intérieur des trous.
Comme tout musée, la visite s’achève par la boutique. Spécificité maison, un certain nombre de souvenirs qui y sont vendus sont fabriqués sur place, pour rappeler le caractère « vivant » du musée de la Nacre et de la Tabletterie. Au-delà d’un simple lieu culturel présentant une industrie du passé, le musée a en effet pour mission de perpétuer le savoir-faire et les techniques de la tabletterie. Un rôle de transmission qui se décline encore aujourd’hui dans la restauration ou le conseil aux particuliers, qui peuvent bénéficier des connaissances pointues des équipes du musée.
Aux beaux jours, il sera agréable de profiter du jardin attenant. Le vendredi estival étant un jour un peu particulier pour le musée, une animation autour des jeux picards était proposée. Une belle façon de clore la visite.
Visiter le musée de la Nacre et de la Tabletterie
Tous les jours de 14h30 à 18h30. Fermé le mardi.
Visites guidées et démonstrations à 15h et 16h15
Pour compléter ta journée méruvienne
Je ne saurais trop te conseiller, avant de visiter le musée, de déjeuner au restaurant de l’Hôtel de la Tabletterie, qui se situe juste à côté. En été, tu profiteras de la terrasse avec vue sur le musée et son jardin pour déguster des plats aussi beaux que gourmands. Menus à 24 € et à 40 €.
Après le musée, un petit tour au parc de la ville pour profiter d’une vue en hauteur et un autre point de vue sur le musée et son ancienne cheminée d’usine en briques.
Venir à Méru en train
Méru est desservie par les trains TER Hauts-de-France au départ de Paris Gare du Nord et de Beauvais. Compter un peu moins d’une heure depuis Paris et environ 20 minutes depuis Beauvais.
Cet article s’inscrit dans le RDV mensuel #EnFranceAussi initié par Sylvie, du blog Le coin des voyageurs. Le principe est simple : te faire (re)découvrir la France à travers un thème donné. Ce mois-ci, c’est le thème « Artisans et artistes » qui est à l’honneur, piloté par Tiphanya du blog Avenue Reine Mathilde. Tu trouveras les autres billets rédigés par mes camarades blogueurs et blogueuses sur cette carte :
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Miam, ce dessert fait très envie! Et bien sûr, le musée aussi!
Tu as vu que le restaurateur a fait un dessert domino ?
c’est très sympa!
Je connais Meru de nom grâce aux plaques d’égout, mais l’aspect tabletterie mais totalement inconnu, je ne connaissais même pas le nom ! 😀
Très intéressant, le musée donne envie ! 🙂
Je ne connais pas l’histoire des plaques d’égoût, ça m’intrigue ! Moi aussi j’ai découvert l’art de la tabletterie en visitant ce musée. Je n’en connaissais que le nom sans savoir de quoi il s’agissait.