Les improbables collections de monsieur Pont

A Savigny-lès-Beaune, il est un château qui abrite de drôles de collections. Ici, point de meubles anciens, de lustres et de dorures, de tableaux et de sculptures. Ici, un collectionneur un peu fou, Michel Pont, a assouvi sa passion pour les belles mécaniques. Au point d’envahir tout un étage du château, les dépendances et même le parc du château. Visite au cœur des improbables collections de monsieur Pont.

Il y a celles et ceux qui collectionnent les pins’s, les timbres-poste, les capsules de bouteilles de champagne, les poupées ou les trains miniatures.

Et puis il y a Michel Pont. Michel Pont, c’était le boss de fin de niveau des collectionneurs. Celui qui, par sa pugnacité et un solide compte en banque, a pu amasser des objets aussi improbables que volumineux, au point de remplir la quasi-totalité d’un château et de ses dépendances. Un collectionneur prêt à courir les ventes aux enchères aux quatre coins de la France pour enrichir l’un des 9 musées qu’il a installés en sa belle propriété de Savigny-lès-Beaune.

Il résulte de cette collectionnite compulsive un joyeux capharnaüm organisé par thématique, partout où le château et ses dépendances offrent un peu de place. Un amoncellement délirant de belles mécaniques chinées pendant des décennies et alignées dans un décor de conte de fées.
Autant vous l’avouer tout de suite, je ne suis pas fan du sport automobile, de mécanique et encore moins d’aviation. Et pourtant… On se laisse happer par l’immensité des collections, par l’incongruité de leur présence au sein d’un château du XIVe siècle. Sans jamais voir le temps défiler, nous sommes restées une demi-journée complète à Savigny.

Notre parcours de visite commence par le joli pavillon d’entrée, où se trouvent la billetterie et la cave de dégustation (le château de Savigny est avant tout un domaine viticole). A l’étage, derrière la façade de pierres blondes et de moëllons, se cache le musée de la voiture de course Abarth. Si Michel Pont avait une affection particulière pour ces voitures italiennes, c’est parce qu’il en pilota quelques-unes dans des courses de côte, dans les années 1960. 36 modèles sont ainsi exposés dans les combles de la dépendance, aux côtés de sidecars, de motos, de vélos et de maquettes. Sous les toits, l’œil est perdu devant l’opulence du décor. C’est joyeux et on commence à deviner que la suite sera du même acabit.

La suite se passe sous plusieurs barnums et dans le parc, parce que le château et ses dépendances ne suffisaient pas pour héberger toutes les lubies du collectionneur. Va donc pour le petit musée de l’aérospatiale et ses reproductions à échelle réduite des fusées Ariane 4 et Ariane 5.

Puis viennent les musées du matériel vinaire et viticole et celui du tracteur enjambeur. Ici, Michel Pont rend hommage à ses racines, lui qui a grandi les pieds dans le vignoble bourguignon. Il était fasciné par l’inventivité des viticulteurs de sa région. Et notamment de son père, Louis, qui fabriqua lui-même des prototypes de tracteurs enjambeurs pour son exploitation.

Doucement, on se dirige vers le point d’orgue de la visite. Cette fois, la collection est bien trop volumineuse pour bénéficier d’un abri. C’est donc à l’air libre, au milieu des vignes, que ce musée hors du commun déploie ses ailes. J’ai nommé… TADAAM… le musée de l’aéronautique ! Derrière ce nom se cache un improbable alignement d’avions de chasse (une centaine environ). C’est simple, vous ne trouverez nulle part ailleurs dans le monde une telle concentration de ce genre d’aéronefs. De l’US Air Force à la Patrouille de France, les avions réservent parfois quelques détails touchants. Dans quelles opérations furent envoyés le Paul Kauttu, le Quartier-maître Martin, dont les noms sont demeurés intacts sur le fuselage ?

On enchaîne sans transition avec le musée du camion de pompiers, qui regroupe une vingtaine de véhicules plus ou moins anciens.

On termine la visite au château, sans s’imaginer ce qui nous attend. La bâtisse est belle, imposante. Après une visite rapide du rez-de-chaussée, on monte directement au deuxième étage, intégralement consacré aux collections de Michel Pont. On y trouve notamment ses premières amours, les motos. La collection par laquelle tout a commencé. Il ne reste rien des pétrolettes de ses 20 ans, qu’il a remplacées par des plus grosses cylindrées. Aujourd’hui, les 250 bolides prennent place des galeries jusqu’aux tourelles. Etrange contraste entre cette ambiance garage et l’architecture pompeuse quoiqu’un peu défraîchie d’une vieille bâtisse. Pas de lustres au plafond mais des vélos ou d’antiques coucous. La peinture s’écaille, les vitrines où reposent des maquettes par milliers fatiguent, mais l’essentiel n’est pas là.

L’essentiel, il est dans la passion qu’aura mis Michel Pont tout au long de sa vie pour collecter, réparer, bichonner tous ces véhicules, qu’ils roulent, qu’ils volent ou qu’ils servent dans les rangées de vigne. Michel Pont n’est plus, mais son amour pour la belle mécanique reste lui bien vivace à travers tous ses musées.

Cet article s’inscrit dans le RDV mensuel #EnFranceAussi initié par Sylvie, du blog Le coin des voyageurs. Le principe est simple : te faire (re)découvrir la France à travers un thème donné. Ce mois-ci, c’est le thème « musée » qui est à l’honneur, piloté par Sabrina, du blog Tu Paris combien . Tu trouveras les autres billets rédigés par mes camarades blogueurs et blogueuses sur cette carte :

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