J’ai appuyé sur « rembobiner » et j’ai stoppé au 14 août dernier. Je n’ai pas choisi ce jour au hasard. C’était un jour de retrouvailles. Ma petite madeleine de Proust à moi. Le libecciu t’avait quelque peu énervée, mais je n’en avais que faire. Je voulais te voir. Trois ans que j’attendais ! Au bout d’un long voyage, tu étais là, plus belle que jamais. J’avais prévu un rendez-vous moins agressif, tu es si calme d’habitude ! Tu n’as rien voulu savoir.
Je ne t’ai pas approchée. Je t’ai regardée d’en haut. De mon promontoire, j’ai vu les flots se fracasser avec éclat contre les rochers de « la pointe ». J’ai vu cette bave blanche lécher avec violence ton beau sable blond. Je te connais. Dans ces moments de colère, tu disparais à moitié. Mais peu importe, j’aime quand tu t’emportes. Alors tant pis si je devrais attendre encore quelques jours que ta fureur s’apaise pour me livrer à toi. Te voir a suffi à mon bonheur.
Mon point d’observation n’a pas de nom ; du moins, je n’ai jamais cherché à le connaître. C’est LA pointe. D’ici, je peux t’admirer entière. Le trait régulier de ton profil. La tour génoise et la maison fortifiée qui te surveillent. La blancheur du pont qui enjambe ton fleuve. D’où je suis, je sens des fragrances de myrte et de nepita qui se mélangent aux senteurs marines des embruns. Non, tu n’as pas changé.
Mon cher Liamone, MA plage, enfin me revoilà !
Cet article fait partie de la série #UnJourDesTextes imaginée par @FromYukon. L’idée ? Ecrire, simplement. Partir d’une image, d’un mot, d’un thème, ou que sais-je encore. S’évader par le texte. Laisser divaguer son esprit.
Aujourd’hui, la consigne était « mettre sur pause ». Figer le temps, décrire un lieu, un moment, une image…
Je comprends tout à fait cette émotion si forte et puissante qu’on associe à un lieu… moi aussi, j’ao comme ça des endroits mythiques, indispensables, en prise directe avec mon coeur.
Au-delà de cette plage, où j’ai appris à nager, c’est la Corse toute entière qui m’est très chère.