#UnJourDesTextes – Le bouton gauche de la souris

Et si, ce jour-là, mon index en avait décidé autrement ? Et s’il avait refusé obstinément de presser le bouton gauche de la souris, un certain soir de février ?

J’avais longtemps hésité. J’y vais ? J’y vais pas ? Cela faisait déjà plusieurs semaines que je traînais sur ce site internet, à rêver devant des milliers de possibles. J’étais venue, revenue, re-revenue, sans jamais ressentir la moindre lassitude. Longtemps, j’ai pesé le pour et le contre. Qu’allais-je faire seule, au milieu de tous ces gens que je ne connaissais pas ? Moi, la timide, qui n’ose même pas retourner une erreur de commande au restaurant. Alors entourée d’une foule d’inconnus, n’y pensez même pas ! Non, ce n’est pas ma place. Je vais rester indéfiniment à baver devant cet écran qui me proposait tant d’activités et une belle promesse de vacances pas trop chères.

Je n’aurais jamais su. Si, ce jour-là, je n’avais pas cliqué pour confirmer la réservation, je n’aurais jamais su que j’étais capable. Ce séjour, c’était du pain béni. Pensez donc, partir seule sans être vraiment seule ! Alors oui, le snowboard était un peu un prétexte. Et puis, financièrement, il n’y a pas à dire, c’était une bonne affaire. C’est donc seule que je prends le TGV pour Saint-Michel de Maurienne. Seule que je dors dans cet hôtel. Seule que je prends la navette en direction de Valloire.

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De Valloire…

Le car me dépose devant LE centre. Je ne peux plus reculer. Le stress monte un peu. Est-ce que je vais bien m’entendre avec les autres ? Avec qui vais-je partager ma chambre ? Le sourire de l’hôtesse d’accueil me rassure d’emblée. Je découvre ma chambre, trouve un lit disponible, installe mes affaires dans le petit espace qui m’est réservé. Assez vite, les lits occupés deviennent des visages. D’ici ce soir, ils me seront déjà familiers. Je prends vite mes marques et découvre en ce lieu des personnes qui me ressemblent. Ainsi donc, je ne suis pas seule à partir en vacances en solo ?

Cette première étape, rassurante, dans un petit centre UCPA des Alpes, en appellera d’autres. Un deuxième séjour UCPA, dans un centre un peu plus grand. Puis des petits week-ends à droite et à gauche, complètement seule. Lyon, Rennes, Amiens et la Côte picarde. La solitude ne pèse pas tant que ça quand on visite. Passer à la vitesse supérieure. Hop 10 jours ! Enchaîner les restos sans personne en face à qui parler. Se prendre d’affection pour les autres solitaires installés çà et là sur la terrasse. Leur sourire. Et replonger dans l’écran du téléphone portable, parce que la timidité est plus forte que tout. Franchir un nouveau palier. L’étranger. Turin, ce n’est pas trop loin. Je parle la langue, enfin à peu près. Je pourrai comprendre et me faire comprendre. A chaque fois une nouvelle victoire.

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… à Turin

Si, ce jour-là, mon index avait désobéi à cette injonction cérébrale « réserve ce séjour », je ne me serais jamais crue capable de partir en vadrouille en solo. Je n’aurais jamais ressenti le plaisir d’errer dans des rues inconnues sans but ni contrainte, répondant seulement à mon instinct, à mes envies.

 

Cet article fait partie de la série #UnJourDesTextes imaginée par @FromYukon. L’idée ? Ecrire, simplement. Partir d’une image, d’un mot, d’un thème, ou que sais-je encore. S’évader par le texte. Laisser divaguer son esprit.

Aujourd’hui, la consigne était de débuter l’article par « Et si, ce jour-là ».

4 commentaires sur “#UnJourDesTextes – Le bouton gauche de la souris

  1. Mais comme je te comprends. J’ai une grande gu… et en même temps, j’ai du mal à aller vers les gens, ou entrer parfois dans des lieux.
    Chaque 1er fois est une grande victoire

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