Ilhéou, le lac ?

Désolée. En même temps, c’était si évident, si facile. Tellement tentant. Alors Jean-Michel Jeuxdemots a frappé. Et il vous emmène, pour cette escapade, vous rafraîchir au bord d’un lac.

Oui, mais Ilhéou ce lac ? Hahaha, t’es con Jean-Michel, tu m’as encore fait le coup !

Si vous vous posez vraiment la question (oui, j’aperçois des gens sérieux au premier rang), il se trouve sur la commune d’Estaing, département des Hautes-Pyrénées (n°65 pour les puristes), région Occitanie. Pour rallier ce lac, nous sommes parties de Cauterets, où nous avions notre hébergement. Vous savez, Cauterets, cette station thermale / de ski dont je vous ai déjà parlé ici-même, sur ce blog ?

Pour la première fois, je découvre ce paysage « à nu », sans son épais manteau blanc. C’est rugueux et acéré, plus agressif. Et pourtant, je retrouve en été une montagne tellement plus hospitalière.

Nous voilà donc parties de bon matin (hum !) pour une rando d’une demi-journée aller-retour vers le lac Ilhéou. Il est 10h25 quand nous prenons les premiers selfies dans la télécabine. A 10h40, nous sommes à la gare d’arrivée. On enchaîne avec le télésiège du Grand Barbat, le seul ouvert en été au Cirque du Lys, d’où j’essaie de repérer tant bien que mal les pistes parcourues à skis quelques semaines auparavant. Et paf, à 11h10, nous voilà en haut des pistes, là où part le sentier pour rejoindre le lac Ilhéou.

Un rapide crochet vers la table d’orientation histoire de repérer le Vignemale, au pied duquel nous nous sommes rendues quelques jours auparavant, et nous voilà déjà sur le sentier. Une fois n’est pas coutume, il nous faut descendre pour atteindre notre but, et c’est très appréciable. On a comme l’impression de faire la rando à l’envers. Mais bon, on n’est pas dupe, on sait qu’il va falloir remonter tout ce qu’on a descendu.

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Pour la première fois, je découvre ce paysage « à nu », sans son épais manteau blanc. C’est rugueux et acéré, plus agressif. Et pourtant, je retrouve en été une montagne tellement plus hospitalière. La neige, c’est la douceur d’un matelas moelleux et gras qui atténue les pentes et les reliefs. Mais c’est aussi le blizzard et le froid qui paralysent, et le cri sourd de l’avalanche qui rappelle à chaque instant que la montagne est plus forte que toi. L’été, c’est plein de vie ; c’est la marmotte qui siffle le danger, c’est le berger qui mène ses bêtes à l’estive, c’est l’aigle royal qui surveille ses proies potentielles, c’est le randonneur qui te dit bonjour en poursuivant son chemin. C’est fou comme la neige modifie notre perception des paysages !

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Les minuscules cabanes d’Arras marquent notre ralliement au GR10, la grande traversée des Pyrénées. On est clairement dans de la « montagne à vaches » : un sentier pas vraiment technique, une pente pas vraiment forte, mais un vrai paradis pour nos amies à cornes. Tiens, d’ailleurs, j’entends leurs sonnailles au creux d’un vallon. Ces dames évoluent avec une agilité certaine et nous, on respire à pleins poumons notre dose de ruralité. C’est la montagne à la Heidi que nous croisons : vaches, moutons, berger, chien de troupeau… Il ne manque rien au tableau ! Partout autour, des pâtures à l’herbe grasse attendent leurs invitées.

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Changement de décor après le franchissement du gave d’Ilhéou. Plus nous approchons du lac, plus le décor devient minéral. Dorénavant, les cailloux roulent sous nos pieds et le vide nous accompagne. Nos pas suivent toujours ce marquage rouge et blanc si rassurant du sentier de grande randonnée. Au bout d’une heure à peine, l’objectif est atteint. Le lac d’Ilhéou est là, devant nous, dans son écrin de montagnes. Nous ne sommes pas seules. Quelques organisateurs attendent les derniers retardataires du Grand Raid des Pyrénées, un trail format XXL dont nous avions déjà croisé la trace au pic du Midi de Bigorre. C’est là, sur un rocher lisse face au lac, que nous profitons de ce dernier pique-nique pyrénéen, entourées d’une alléchante odeur de saucisses grillées.

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Le temps se couvre et le vent annoncé pour l’après-midi nous incite à ne pas traîner en cours de route. Il ne faudrait pas qu’on se retrouve le bec dans l’eau devant un télésiège fermé ! Nous voilà donc de nouveau sur les chemins, cette fois en montée. On se challenge avec une famille qui marche moins vite que nous mais qui fait moins de pauses, jusqu’à CE MOMENT. Nous sommes aux cabanes d’Arras, et le berger s’apprête à libérer ses moutons de leur enclos. Cette scène quotidienne nous donnera l’occasion d’observer la psychologie de ces bestioles, finalement pas si différentes de nous.

Peu à peu, au fil de notre remontée, nous quittons ce paysage fait de douces ondulations et d’éperons rocheux, de vaches et de moutons, de petites fleurs d’altitude et de grandes prairies rases.

Où l’on se rend compte que, chez les ovins aussi, on trouve des tempéraments diamétralement opposés. Il y a les « premiers de la classe » qui restent bien sagement à côté de leur berger. Il y a les dissipés, qui se jettent à grandes enjambées vers leurs copines bazadaises (des vaches donc) pour goûter au plus vite à l’herbe fraîche. Et puis il y a les 2-3 qui hésitent, tiraillés entre l’appel de la pâture et la raison. Coup d’œil à gauche, coup d’œil à droite, coup d’œil à gauche, coup d’œil à droite… La bonne herbe bien grasse ou suivre le chef ? C’est l’appel du berger qui sifflera la fin de la récréation : les moutons rebelles finiront par rebrousser chemin pour rejoindre le reste du troupeau, tête basse et moue vexée. Scène cocasse dans les alpages pyrénéens !

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Peu à peu, au fil de notre remontée, nous quittons ce paysage fait de douces ondulations et d’éperons rocheux, de vaches et de moutons, de petites fleurs d’altitude et de grandes prairies rases. Déjà la crête du Lys. De l’autre côté, les installations de la station de ski, les chemins et les remontées qui quadrillent le versant. Quelques pentes nivelées indiquent l’emplacement de certaines pistes de ski. Ça et là, des petits modules en bois révèlent des pistes de VTT. C’est une montagne parc d’attractions que nous survolons désormais depuis notre télésiège à la descente. Une sorte de pile ou face étonnant, où une simple crête divise la montagne en deux espaces totalement différents.

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Profil de la randonnée

Durée de la rando : 2h30 (pauses comprises)
Distance : 5.99 km
Dénivelé positif : 324m
Dénivelé négatif : 324m
Point haut : 2293m
Point bas : 1972m

Descriptif de la randonnée sur Visorando

Comment accéder au lac Ilhéou sans voiture ?

Cette randonnée s’effectue au départ de Cauterets. Le village est desservi par une ligne de cars au départ de Lourdes (départ devant la gare). Vous trouverez toutes les informations utiles et à jour sur le site internet de Cauterets.

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5 commentaires sur “Ilhéou, le lac ?

  1. J’aurais fait le même jeu de mots 😉
    J’adore la scène avec les moutons si bien racontée !
    Et ces paysages si bucoliques…

    1. La scène des moutons était d’autant plus drôle à vivre que nous étions pile sur la trajectoire entre leur enclos et la pâture, et que tout ce petit monde a quelque peu foncé sur nous. Je n’étais pas rassurée sur le moment mais après coup, c’était si drôle de les voir repartir dans l’autre sens après leur rappel à l’ordre !

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